verse.fr - Marot, Clément : Psalme de David 012





Marot, Clément (1496 - 1544)

Psalme de David 012

Pseaulme Douziesme à ung verset pour couplet à chanter


Salvum me fac Domine.

Argument : il parle contre les flatteurs de la cour de Saül, qui par flatteries, dissimulations et arrogance, estoient molestes à chascun, et prie Dieu y donner ordre. Pseaulme pour tout peuple vexé de gouverneurs de princes.


Donne secours, Seigneur, il en est heure,
Car d'hommes droictz sommes touts desnués:
Entre les filz des hommes, ne demeure
Ung qui ayt foy, tant sont diminués.
Certes chascun, vanité, menteries,
A son prochain dit ordinairement :
Aux levres n'a l'homme, que flatteries,
Et disant l'ung, son cueur parle aultrement.
Dieu vueille doncq ces levres blandissantes
Tout à travers, pour jamais, inciser :
Pareillement ces langues arrogantes,
Qui bravement ne font que deviser.
Qui mesmement entre eulx ce propos tiennent :
Nous serons grands par noz langues su touts,
A nous, de droict, noz levres appartiennent,
Flattons, mentons : qui est maistre sur nous ?
Pour l'affligé, pour les petits, qui crient,
Dit le Seigneur, ores me leveray :
Loing les mectray des langues, qui varient,
Et de leurs laqs chascun d'eulx saulveray.
Certes de Dieu la parolle se treuve
Parolle nette, et trespure est sa voix :
Ce n'est qu'argent affiné à l'espreuve,
Argent au feu espuré par sept foys.
Toy doncq, Seigneur, ta promesse, et tes hommes,
Garde, et maintiens par ta gratuité :
Et de ces gens dont tant molestés sommes,
Delivre nous à perpetuité.
Car les malings à grands trouppes cheminent
Deçà, delà, tout est plein d'inhumains,
Lors que d'iceulx les plus meschants dominent,
Et qu'eslevés sont entre les humains.